Les archevêques de Montréal et la canonisation de saint frère André

Les archevêques de Montréal ont eu un rôle à jouer tout au long des étapes ayant mené à la canonisation de saint frère André. Certains ont été des acteurs de premier plan alors que d’autres ont été plus discrets. Voici esquissée à grands traits l’histoire de leur participation à la canonisation.

Mgr Georges Gauthier (1871-1940)

Monseigneur Georges Gauthier

Visite de Mgr Georges Gauthier dans la sacristie de la crypte de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. CADRG

Mgr Gauthier occupe la charge d’archevêque de Montréal à peine une année. Il est décrit comme un homme d’une grande éloquence et très instruit. Il s’implique activement dans la création de l’Université de Montréal et se montre sympathique à une plus grande présence des femmes et des laïcs dans les activités de l’Église.

Il a à cœur la formation pédagogique des religieux de son territoire. Il se démarque par la création de paroisses pour des populations immigrantes, notamment allemandes et polonaises (Leblanc, DBECC, 487).

Il est un ami de longue date de l’Oratoire et autorise, en 1922, la publication d’une brochure de M. Arthur Saint-Pierre sur son histoire. Il en signe la préface.

Exemplaire de la première étude historique sur l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal publiée en 1922. CADRG

Exemplaire de la première étude historique sur l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal publiée en 1922. CADRG

C’est à Mgr Gauthier que l’on doit le choix du lieu de la sépulture à l’Oratoire plutôt qu’au cimetière de la Congrégation de Sainte-Croix, à Ville Saint-Laurent. Il est également responsable de l’enquête préliminaire sur la possibilité d’une future béatification.

Mgr Joseph Charbonneau (1892-1959)

Mgr Joseph Charbonneau lors de la Consécration

Mgr Joseph Charbonneau lors de la Consécration de la crypte, le 9 août 1943. CADRG

Il est le 6e archevêque de Montréal de 1940 à 1950. C’est un intellectuel brillant et très actif dans le diocèse.

Il accorde au domaine de l’éducation une attention particulière, tout comme son prédécesseur. On retrouve en lui un homme plutôt libéral qui doit composer avec un milieu conservateur.

On lui reconnait une forte conscience sociale et sa vision de l’Église est teintée de cette préoccupation (Leblanc, DBECC, 362).

Mgr Charbonneau ouvre officiellement le procès diocésain. Il lance la recherche des écrits de frère André. Il fallait alors que toute personne croyant avoir en sa possession des lettres ou autres textes de frère André les produise devant le tribunal diocésain. Le procès informatif sur les vertus (pour établir l’existence d’une véritable réputation de sainteté publique fondée sur des dépositions authentiques de témoins vivants) et le procès de non culte se font sous son épiscopat.

Foule accompagnant Mgr Charbonneau

Une foule accompagne Mgr Joseph Charbonneau à sa sortie de la chapelle d’origine le jour de la Consécration de la crypte. CADRG

Cardinal Paul-Émile Léger, p.s.s. (1904-1991)

Mgr Léger procession

 Mgr Léger était un visiteur régulier de l’Oratoire. On le voit ici participer à une procession avec une statue de saint Joseph. CADRG

Personnage flamboyant mais qu’on dit pourtant de nature discrète, le cardinal Paul-Émile Léger, p.s.s., est archevêque de 1950 à 1967.

On lui reconnaît surtout ses efforts pour une réforme morale de l’Église, ses prises de position contre le laxisme dans le cinéma, les journaux à sensations et les cabarets.

Il est un ardent promoteur du chapelet en famille à la radio. Il accorde une grande importance à l’œcuménisme et consacre les dernières années de sa vie à la défense de la dignité humaine par des actions concrètes envers les personnes défavorisées (Leblanc, DBECC, 608-610).

À l’époque du cardinal Léger, les documents pour le procès informatif et celui de non culte sont envoyés à Rome. Le pape Jean XXIII signe le décret d’introduction de la cause à Rome. On ouvre le procès apostolique sur les vertus. Fait un peu particulier, on procède en novembre 1963 aux reconnaissances des restes de frère André en ouvrant son tombeau. Mais surtout, trois procès sur des cas de miracles supposés sont ouverts.

Mgr Paul-Émile Léger, p.s.s. lors de l’ouverture du procès apostolique sur les vertus à Montréal. CADRG

Mgr Paul-Émile Léger, p.s.s. lors de l’ouverture du procès apostolique sur les vertus à Montréal. CADRG

Mgr Paul Grégoire (1911-1993)

Mgr Paul Grégoire

Un jeune évêque auxiliaire, Paul Grégoire, futur archevêque de Montréal, en visite à la sacristie de la crypte en compagnie du père Marcel Lalonde, c.s.c., recteur, en 1966. CARDG.

Archevêque de 1968 à 1990, il est celui qui a dû appliquer les orientations du Concile de Vatican II. Il met en place des structures pour les laïcs et faciliter leur implication dans l’Église montréalaise.

Préoccupé par les questions sociales, il vient en aide aux personnes démunies, aux personnes seules ou auprès des familles qui ont des problèmes de logement. Il accorde une place importante à l’accueil de réfugiés et il est impliqué dans la création de la Maison du Père qui vient en aide aux personnes en situation d’itinérance.

Mgr Grégoire résume sa mission à implanter une vraie animation spirituelle de l’intérieur (Leblanc, DBECC, 503-504).

Mgr Grégoire n’intervient pas personnellement dans la Cause, mais de nombreuses avancées ont lieu sous son épiscopat. Les évêques du Canada demandent (et obtiennent) une dispense pour ne pas attendre 50 ans après la mort de frère André pour commencer la discussion finale sur ses vertus. Le pape Paul VI vote personnellement pour que soit rédigé le décret d’héroïcité : frère André devient Vénérable. Puis, le 23 mai 1982, le pape saint Jean-Paul II en fait Bienheureux frère André ! Deux ans plus tard, Mgr Grégoire accueille le pape à Montréal.

Mgr Jean-Claude Turcotte

Cardinal Jean-Claude Turcotte

Le cardinal Jean-Claude Turcotte présida plusieurs messes et célébrations commémoratives au moment de la canonisation de saint frère André. Crédit : Nathalie Dumas.

Le cardinal Jean-Claude Turcotte est élu archevêque de Montréal le 17 mars 1990. Homme d’action et de rassemblement, il s’implique dans de nombreux comités de l’Église du Québec et du Canada. Il est plusieurs fois approché pour offrir des catéchèses à la jeunesse. Les universités McGill et Concordia lui ont décerné des doctorats Honoris Causa pour souligner son engagement en théologie, son soutien aux œuvres religieuses, spirituelles et de bienfaisance. Il démissionne en 2012 et devient archevêque émérite du diocèse de Montréal. Il décède le 8 avril 2015.

Ami de l’Oratoire, le cardinal Turcotte suivra avec attention le procès diocésain relatif à un cas de guérison présumée miraculeuse en 2005. C’est cette guérison qui permettra le dépôt des deux documents officiels pour la Commission médicale chargée d’étudier le dossier. En 2009, la Commission médicale conclut à une guérison scientifiquement inexplicable et la reconnaissance d’une intercession de frère André. Le pape Benoit XVI prononce la promulgation du décret de reconnaissance d’un miracle attribué au bienheureux frère André. Le cardinal Turcotte célébrera au Stade olympique, le 30 octobre 2010, la messe d’action de grâce pour saint frère André.

Sources