En janvier, l’Oratoire est aux fiancés !

On nous demande parfois si des mariages ont été célébrés à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. De par son statut dans l’Église catholique romaine, le sanctuaire ne peut pas célébrer de mariage. Ainsi, contrairement aux archives d’une église de paroisse, le sanctuaire ne conserve pas de registres de mariage. Mais alors, pourquoi certaines personnes persistent en affirmant connaître quelqu’un qui s’est marié à l’Oratoire ?

Une « tradition » pendant près de 20 ans

Il faut remonter au mois de mars 1941 pour un début de réponse. Les Annales de Saint-Joseph rapporte dans la section « La vie au sanctuaire » qu’une cérémonie de bénédiction solennelle des fiançailles a réuni en janvier 1941 des jeunes couples désirant souligner leur engagement envers le sacrement du mariage. Le choix de faire cette célébration au mois de janvier n’est pas frivole. En effet, c’est en janvier qu’on célèbre dans l’Église la fête des Fiançailles de Marie et Joseph.

L’article nous raconte que les couples s’engageaient à suivre une neuvaine (neuf jours de prière) et un triduum (trois jours de prière) en vue de la grande célébration du 23 janvier. Ce sont près de 150 noms d’épouses et d’époux qui figurent sur la liste des couples « qui avaient répondu à toute les conditions canoniques des fiançailles » 1.

Bénédiction des fiancés

Les couples de la bénédiction solennelle des fiançailles dans la crypte de l’Oratoire. Photographe inconnu, vers 1948. CADRG, 184-7

La célébration est présidée par l’archevêque de Montréal, Mgr Joseph Charbonneau. Et comme l’Oratoire ne pouvait maintenir de registres, ces derniers ont été déposés à la paroisse Notre-Dame-des-Neiges.

Bénédiction des fiancés

Mgr Joseph Charbonneau bénit les alliances des fiancés. Photographe inconnu, après 1941. CADRG, 184-2

La bénédiction des fiançailles semble se poursuivre jusqu’au début des années 1960.

Une tradition d’origine italienne ?

C’est une hypothèse mais la seule trace d’un événement qui ressemble à la cérémonie de bénédiction des fiançailles remonte à janvier 1940. Encore dans la revue des Annales, le chroniqueur raconte la visite au sanctuaire, le 15 janvier, de M. et Mme Michel Di Carlo, de Montréal. Les nouveaux mariés « viennent offrir leurs gerbes et leurs vœux à saint Joseph » 2.

Parmi les documents conservés aux archives, on retrouve un certificat et une prière en italien pour la consécration du mariage à saint Joseph du Mont-Royal 3. Le certificat affiche la statue couronnée de saint Joseph, bien connue des pèlerins.

Malheureusement pour l’instant, il est impossible d’affirmer avec conviction que cette belle fête des époux puisse être d’origine italienne…

Un grand conventum en janvier 1958

Dans son édition du 19 janvier 1958, le quotidien Montréal-Matin annonce que l’Oratoire invite « des centaines de couples dont les fiançailles ont été bénites au sanctuaire du Mont-Royal depuis 17 ans » afin de renouveler leurs vœux 4. Les participants recevront la bénédiction de nul autre que du cardinal Paul-Émile Léger. On ne parle plus de neuvaine ou de triduum, mais on mentionne que la cérémonie se déroulera pendant la Semaine des fiancés.

Promesse de mariage

Le père Roland Gauthier, c.s.c., recteur du sanctuaire, reçoit les offrandes des fiancés. Photographe inconnu, après 1956. CADRG, 284-3

« Avec la foi, on arrive à tout »

En 2008, les archives de l’Oratoire recevaient cette note qui témoigne de ce que représentait pour un jeune couple une bénédiction de ses fiançailles :

« Le 10 juillet, mes enfants, mes quatre garçons, nous ont fêté notre 60e anniversaire de mariage. J’avais promis à saint Joseph et au frère André de me marier le 10 juillet 1948 […] Mes fiançailles ont été bénites par Monseigneur Charbonneau […] j’en suis très fière. Nous sommes mon mari et moi des passionnés de l’Oratoire Saint-Joseph […] Bientôt, je pourrai me rendre à l’Oratoire, j’attends le OK de mon médecin. »

Encore aujourd’hui, il est de coutume que l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal accueille les fiancés pour bénir leur union… et quelques temps après bénir la famille !

__________________________________________

[1] Les Annales de Saint-Joseph, vol.30-no.3, mars 1941, p.85
[2] Les Annales de Saint-Joseph, vol.29-no.3, mars 1940, p.78
[3] Centre d’archives et de documentation Roland-Gauthier, F001/10.01.15
[4] Montréal-Matin, 19 janvier 1958, p. 97