Sept pains et quelques poissons
Ce matin-là, je devais prêcher sur l’Évangile de la multiplication des pains. Or je ne voulais pas parler encore du parallèle entre la multiplication des pains et l’Eucharistie. En relisant l’Évangile une autre piste se dessina avec les sept pains. On est dans un endroit désertique, loin de toute agglomération. Ça fait trois jours qu’une foule immense suit Jésus sans manger. Jésus est pris de compassion. Mais comment nourrir tous ces gens? Les apôtres n’ont que sept pains. Alors Jésus leur demande de les lui apporter. Les disciples obtempèrent. Jésus bénit les sept pains et demande aux apôtres de faire la distribution. Non seulement ils nourrissent la foule mais ils ramassent sept corbeilles de restes! Parce qu’ils ont mis leur indigence, leur pauvreté au service de Jésus, celui-ci a pu faire des merveilles.
Lorsque l’on regarde le monde, on est dépassés par tant de misères et de catastrophes : la pandémie, les menaces de guerre, le réchauffement climatique, la grande pauvreté, les personnes déplacées, les enfants maltraités ou abusés… Alors, on peut être tentés par l’égoïsme; ça ne me regarde pas, que les gouvernements s’en occupent, moi j’ai mon confort. Il y a une autre tentation, le découragement.
Mais une autre possibilité existe. C’est de mettre notre pauvreté, notre indigence au service de Dieu et de nos frères et sœurs. Regardez le frère André; pas d’instruction, pas de santé, pas de métier. Pourtant, du jour où il a mis sa pauvreté, son indigence au service de Dieu, quel bien Dieu a fait par son intermédiaire! Il n’est que de voir les ex-voto entre les colonnes de la chapelle votive.
Si tous les chrétiens, si toutes les chrétiennes mettaient leur pauvreté, leur indigence au service de Dieu et des autres, la face du monde serait changée.
© Peinture: Alexander Andreyevich Ivanov