La Présentation du Seigneur au temple

La liturgie d’aujourd’hui est le résultat d’une longue évolution dans laquelle deux éléments se côtoient. Une fête de la présentation de Jésus au temple et une fête de la lumière.

La nuit de Noël, nous avions célébré le Christ, venu pour être la lumière du monde. Quarante jours après, cette lumière entre dans le temple. Ce lieu, qui était pour le peuple juif celui de la présence de Dieu parmi son peuple, reçoit maintenant la lumière du monde.

Le rituel ancien de la présentation au temple et de la purification sont soudainement transformés par une lumière et deux personnes, témoins de ce peuple en attente, sont présentes dans le temple pour accueillir celui qui vient l’illuminer. Elles sont là pour témoigner du fait que le temps de l’attente est maintenant terminé et celui de la pleine réalisation de la promesse est arrivé. Siméon est pour ainsi dire l’incarnation de ce peuple en attente, il peut maintenant s’en aller en paix.

Siméon poursuit en bénissant Marie et Joseph. Ses paroles indiquent pourtant le dur chemin qu’il reste à parcourir afin que celui qui est venu pour être « lumière pour toutes les nations » complète son œuvre de salut. Tout ne se fera pas sans passer par la souffrance.

Pour illuminer toutes les nations, Jésus devra porter sa croix, pour qu’une nouvelle lumière brille au matin de Pâques. Siméon peut partir en paix, le temps de la longue attente est terminé, mais Marie et Joseph sont déjà à l’aube de cette réalité nouvelle qui vient de naître et qui appelle à un engagement. Ils sont les premiers à consacrer leur vie à permettre à cette lumière nouvelle de se répandre. Debout au temple de Jérusalem un homme et une femme proclament que le temps de l’attente est terminé, un autre homme, Joseph, une autre femme, Marie sont les premiers à s’engager à vivre cette vie nouvelle.

Dans la tradition juive, la présentation d’un fils premier-né était aussi un acte de consécration. Tout comme le premier fruit de la terre, le premier fruit du sein de la mère était offert à Dieu. Symboliquement les parents offraient l’enfant à Dieu pour que sa vie soit consacrée au service de Dieu. Dans le cas de Jésus, ce geste avait pourtant une signification plus profonde. Cet enfant serait tout entier consacré à vivre selon la volonté de Dieu.

En ce jour où nous soulignons le geste d’offrande et de consécration de Jésus, nous sommes aussi invités à prier pour les hommes et femmes qui, d’une manière toute spéciale, consacrent entièrement leur vie au Seigneur. Encore aujourd’hui, des personnes s’engagent à suivre le Seigneur en consacrant leur vie à son service comme religieux et religieuses, prêtres et laïcs consacrés. Les formes de vie consacrée sont multiples, mais elles expriment ce désir profond de vivre d’une manière explicite cet engagement de toute une vie à s’engager à vivre l’Évangile à la suite de Jésus.

Le 2 février 1874, un homme de 28 ans prenait un tel engagement dans la chapelle du collège Notre-Dame. Alfred Bessette, qui avait pris le nom de frère André, acceptait de donner sa vie entièrement au Seigneur comme frère de la congrégation de Sainte-Croix. La communauté avait vu en lui un homme humble, toujours prêt à se mettre au service des autres et surtout un homme de prière.

Frère André avait compris que sa vie de consacré l’appelait à se donner entièrement au service des autres et à la prière. Il ne suffisait pas de bien faire ce que ses supérieurs lui demandaient, il fallait chercher en tout ce que le Seigneur lui demandait. Il découvrait dans la souffrance des gens qui venaient vers lui, un appel du Seigneur, un appel à la compassion et un appel à porter chacun, chacune, dans une prière intense, prière qui peut transformer et guérir. Être consacré au Seigneur c’était aussi partir après de longues heures de travail pour visiter des malades, c’était passer de longues heures en prières, même la nuit. Être consacré c’était parler avec amour de celui qui est mort en croix pour nous, c’était inviter les gens à découvrir en saint Joseph un ami, à découvrir en Marie une mère, mais au-delà de tout, de découvrir en Jésus un frère qui est mort par amour pour nous et en Dieu, un père plein d’amour.

Frères et sœurs, si la fête de la présentation nous rappelle la présence en Église de personnes qui, comme saint frère André, ont consacré leur vie d’une manière particulière, elle nous invite aussi à prendre conscience que nous sommes tous par notre baptême appelés à vivre dans la lumière de celui que le vieillard Siméon reconnaît comme la lumière du monde. Cette lumière que nous portons ce matin, tout comme celle que nous porterons lors de la nuit pascale nous rappelle que nous sommes tous engagés à porter au monde la lumière du Christ. Nous sommes appelés à laisser cette lumière illuminer et transformer notre vie.

Le vieillard Siméon et Anne peuvent maintenant partir en paix, ils représentaient ce temps de l’attente maintenant révolu, mais ceux qui viendront après eux seront appelés à vivre dans cette lumière qui transforme l’être humain.

Par notre baptême nous avons été consacrés pour suivre le Christ et faire resplendir sa lumière. Il n’est pourtant pas facile de demeurer fidèle à cet appel. Il nous faut demeurer vigilants pour que nos préoccupations quotidiennes ne viennent pas diminuer cette lumière. Tout comme saint frère André et tant de personnes consacrées, il nous faut enraciner notre vie chaque jour dans la rencontre du Seigneur et retrouver comme nous le faisons à chaque Eucharistie cette communauté de frères et de sœurs qui partagent notre foi et qui marchent avec nous dans ce temple nouveau où le Christ, lumière du monde, nous accueille.