« À travers le désert, Dieu nous guide vers la liberté »

Carême 2024

C’est par ces mots que le pape François nous invite à profiter du Carême 2024 pour faire un cheminement où nous laisserons Dieu nous guider vers la liberté. « Lorsque Dieu se révèle, dit le pape François, il communique la liberté. : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage » (Ex 20,2).

Alors qu’il nous arrive de manquer d’espérance et que nous nous sentons impuissant à bâtir un monde plus fraternel et solidaire, un monde où la paix et l’attention aux plus démunis est une priorité.

« Le carême est le temps de la grâce durant lequel le désert redevient – comme l’annonce le prophète Osée – le lieu du premier amour (Os 2, 16-17) … Dieu nous ramène à lui et murmure à notre cœur des paroles d’amour. »

Cheminer vers la liberté n’est pas un chemin abstrait, dit le pape François.

Pour que notre carême soit aussi concret, à l’exemple de Dieu et à la suite du Christ il nous faut apprendre à voir la réalité et surtout à écouter ceux et celles qui souffrent autour de nous et dans le monde, comme a su le faire à sa manière le frère André malgré ses humbles moyens.

Comme lui, nous sommes appelés à devenir des porteurs d’espérance, appelés à apprendre à « redonner », à notre tour, son amour au prochain, en particulier à ceux et celles qui souffrent et qui sont en difficulté.

Tel est le chemin de liberté auquel nous sommes conviés. Dans son message, le pape François se dit de plus en plus convaincu de devoir dénoncer un défaut d’espérance. « Il s’agit, dit-il, d’un obstacle au rêve d’un cri muet qui monte jusqu’au ciel et touche le cœur de Dieu et ressemble à ce regret de l’esclavage qui paralyse Israël dans le désert, en l’empêchant d’avancer. »

Mais pour nous laisser guider sur ce chemin de liberté, le désir de nous convertir comme nous y invite l’exhortation de l’évangéliste Marc qui nous est adressée en recevant les cendres est essentiel : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

Se convertir c’est en quelque sorte marcher à la suite du Christ et se mettre à l’écoute de l’Esprit de Dieu, esprit de vie et de justice, pour qu’Il devienne notre Maître intérieur.

Le Carême est d’abord une question de don à recevoir, et non de choses à faire, même si celles-ci sont également nécessaires.

Notre attention aux autres, nos partages, notre jeûne, notre aumône, pour être vrais et porter des fruits de vie, doivent être enracinés dans notre désir profond, dans la prière.

Alors, le Christ pourra purifier notre regard, nos mains, unifier nos capacités et richesses personnelles dans un élan de don de soi, de mise en commun.

Le Carême se situe avant tout à ce niveau, puisqu’il nous indique le chemin de la dépossession de notre « moi ».

N’ayons pas peur de nous engager dans ce chemin de liberté : Dieu nous y attend. « C’est le rêve de Dieu, nous dit le pape, la terre promise vers laquelle nous tendons une fois sortis de l’esclavage, de nos dépendances. »

Le Carême est donc un temps qui nous appelle à marcher sur le chemin de la liberté et de l’humilité, qui est aussi chemin d’écoute de ce que l’Esprit de Dieu nous dit en conscience, de ce vers quoi Il nous pousse, en parole et en acte, au-dedans de nous et entre nous.

Il est temps d’agir, dit le pape François, et durant le carême, agir c’est aussi s’arrêter. S’arrêter en prière, pour accueillir la Parole de Dieu, et s’arrêter comme le Samaritain, en présence du frère blessé. »

Le pape François suggère que le carême 2024 soit aussi un temps de décisions communautaires, de petits et de grands choix à contre-courant, capables de changer la vie quotidienne des personnes et la vie d’un quartier : les habitudes d’achat, le soin de la création, l’inclusion de l’étranger.

Il invite également chaque communauté chrétienne à offrir à ses fidèles des moments pour repenser leur style de vie ; à se donner du temps pour vérifier leur présence dans le quartier et leur contribution à le rendre meilleur.

Dans la mesure où ce carême sera un carême de conversion, dit le pape François à la fin de son message, alors l’humanité éprouvera un sursaut de créativité : l’aube d’une nouvelle espérance.

Comme aux jeunes des Journées mondiales de la jeunesse à Lisbonne l’été dernier, il nous redit : « Chercher et risquer. À ce tournant de l’histoire, les défis sont énormes, les gémissements douloureux.

Nous assistons à une troisième guerre mondiale par morceaux. Prenons le risque de penser que nous ne sommes pas dans une agonie, mais au contraire dans un enfantement ; non pas à la fin, mais au début d’un grand spectacle.

Il faut du courage pour cela » Oui, entrée dans le temps du carême, c’est le temps où nous acceptons de nous mettre en marche à la suite du Christ pour apprendre à devenir des PORTEURS D’ESPERANCE.

Jean-Pierre Aumont, c.s.c.

Crédit photo: Nathan McBride