Lorsque j’ai commencé à travailler à l’Oratoire, la première chose que j’ai faite était de me renseigner au maximum sur son histoire et celle du frère André. En fier Acadien que je suis, je m’étais demandé s’il y avait une contribution acadienne quelconque à ce lieu majestueux.

J’ai découvert que quelqu’un m’avait devancé. M. Robert Viau, professeur à l’Université du N.-B., avait déjà fait une recherche approfondie il y a quelques années. Son article, L’autel des Acadiens à l’Oratoire Saint-Joseph : les aléas d’une recherche, dévoile en grande partie les liens qui unissent l’Acadie à l’Oratoire.

Nous y découvrons notamment l’aventure complexe de la statue de Notre-Dame-de-l’Assomption et de son autel que l’on peut voir dans la crypte, ou plutôt ce que l’auteur a réussi à trouver et déduire. Notre-Dame-de-l’Assomption est la sainte patronne des Acadiens. On peut lire sous la statue, habituellement cachée derrière un bouquet de fleurs, une plaque avec la mention  Don des Acadiens. L’autel a été financé par une levée de fond menée à partir de 1917 par un comité d’Acadiens1. L’autel a été béni en 1919 et surnommé L’autel des Acadiens2. La statue, quant à elle, a été achetée en 1922 par l’Oratoire3. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Dans son article, Viau mentionne l’existence d’une plaque au nom d’Elizabeth Fee pour laquelle il n’a pas trouvé d’explication4. Il semble aujourd’hui qu’elle soit plutôt associée au don de l’autel du Sacré-Cœur.

À l’origine, la statue de Notre-Dame-de-l’Assomption était à droite du chœur de la crypte et le Sacré-Cœur à gauche, d’où une certaine confusion avec la plaque. Suite aux transformations liturgiques apportées par le concile Vatican II, leurs positions ont été inversées en 1966, mais pas leurs autels. C’est en comparant les photographies d’époque, en particulier les veines du bois des autels avant et après les changements, qu’on a pu constater ce détail. On peut émettre l’hypothèse que les autels étant presque identiques, cela rendait leur déplacement peu pertinent.

Il reste un autre mystère : est-ce l’Oratoire qui a entièrement payé la statue ou est-ce qu’une somme d’argent prévue pour la construction de l’autel a financé, même partiellement, l’achat de la statue ? Comme le souligne Viau, il n’était pas question d’une statue de Notre-Dame-de-l’Assomption avec la levée de fond5. Les documents retrouvés n’ont malheureusement pas pu lever le mystère et les affirmations de certains personnages embrouillent les pistes à ce sujet.

La documentation conservée au Musée de l’Oratoire précise qu’on « considère comme authentique le don de la Société nationale des Acadiens » et ajoute que la statue a été acquise avec le don des Acadiens. Mais là encore, on peut émettre un doute raisonnable considérant que la documentation a été produite 50 ans après l’acquisition de la statue.

Acadie Vierge Marie

Fig. 1 – La statue de Notre-Dame-de-l’Assomption à son emplacement d’origine. CADRG 49-2.

Fig. 2 – La statue de Notre-Dame-de-l’Assomption à son emplacement actuel. Martin Brideau, 2018.

L’article de Viau aborde aussi d’autres faits intéressants en lien avec l’Acadie. Par exemple, que ce sont des Acadiens qui ont été les premiers à réaliser un pèlerinage longue distance en 19136. L’exploit est répété près de 20 ans plus tard, en 1932, par trois Acadiens : Philorome Gallant, Alphée Doucet et Léopold Comeau. Partis de Moncton en plein hiver, le 5 février 1932, ils ont rejoint l’Oratoire le 12 avril après une marche d’environ 1400 km!7

Fig. 3 – [193-?]. Souvenir du pèlerinage. CADRG.

Fig. 4 – [193-?]. Souvenir du pèlerinage. CADRG.

L’article nous livre bien d’autres détails intéressants sur les liens entre l’Acadie et l’Oratoire, mais aussi avec la Congrégation de Sainte-Croix.

Bonne fête nationale de l’Acadie!

1. Viau, Robert. (2010). L’autel des Acadiens à l’Oratoire Saint-Joseph : les aléas d’une recherche. Port Acadie, (18-19), p. 70.
2. Ibid., p. 80.
3. Centre d’archives et de documentation Roland-Gauthier, Minutes de la corporation de l’Oratoire, 31 janvier 1922 et 19 avril 1922.
4. Viau, Robert.Op. cit., p. 76.
5. Ibid.,p. 75.
6. Ibid.,p. 77.
7. Ibid.,p. 78-79.