Comme le veut la tradition, le Vendredi saint les cloches partent à Rome pour la bénédiction Papale et sont de retour le dimanche de Pâques pour sonner la bonne nouvelle du Christ ressuscité! En effet, qui dit Pâques, dit bénédiction ou baptême… et pourquoi pas un baptême de cloches…ou de carillon!

« La cérémonie appelée « baptême de cloches », de fait, tire son caractère de la teneur même des vieux rituels qui remontent au VIIIe s. …où la bénédiction d’une cloche comportait plusieurs exorcismes, comme dans la cérémonie du baptême…tout fait penser au baptême : l’eau, les huiles, le lavage de la cloche, la présence des parrains, les noms donnés à la cloche, les vêtements blancs, détails qui sont tellement ressemblants à la cérémonie baptismale et qui justifient d’une certaine façon l’expression quasi consacrée, Le baptême des cloches. »1

[1] Le Québec et ses cloches, p. 28, Léonard Bouchard, Éditions de l’Airain, 1990

La bénédiction des cloches de l’Oratoire s’est faite en plusieurs temps, selon l’arrivée des cloches.

  • Le 27 février 1955 marque la date de la bénédiction solennelle des 51 premières cloches du Carillon de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal par son Éminence le Cardinal Paul-Émile Léger, archevêque de Montréal, avec la présence de 10 évêques, et de 40 autres dignitaires ecclésiastiques. Les cloches sont alors disposées en rang, dans l’allée centrale de la basilique de l’Oratoire pour la grande célébration. Sur une photo, on peut voir le chiffre 50, marquant alors le 50e anniversaire de la fondation de l’Oratoire. Parmi la collection des Archives de l’Oratoire se trouve le feuillet de cette bénédiction.
  • Le 13 avril 1955, bénédiction des 52e et 53e cloches par Mgr Conrad Chaumont, évêque auxiliaire à Montréal.
  • Le 4 septembre 1955, bénédiction de la 54e cloche par Mgr Émilien Frenette, évêque de Saint-Jérôme.
  • Le 9 octobre 1955, bénédiction de la 55e cloche par Mgr Gérard-Marie Coderre, évêque de Saint-Jean-de-Québec. Une 56e cloche, la plus aiguë, a été installée dans le carillon en mai 1957 (la date de la cérémonie de bénédiction reste inconnue).

Le carillon se fait une beauté

Nos cloches n’iront pas à Rome mais notre carillon aura droit à une belle restauration en vue de sa relocalisation dans une tour prévue pour accueillir le nouvel instrument!

Entre temps, les récitals de carillon continuent! L’an dernier, l’Oratoire a fait l’acquisition d’un carillon de la compagnie Chime Master en Ohio.

C’est un carillon électronique qui se joue de la même façon que l’original. Le carilloniste joue à l’intérieur de l’Oratoire et l’instrument est amplifié sur l’esplanade de la basilique. De cette façon, nous poursuivons avec grand plaisir cette belle tradition de récitals de Carillon, hiver comme été.

Carillon Chime Master

La poésie et les cloches

Émile Nelligan, Félix Leclerc et Anne Hébert sont parmi les auteurs qui utilisent l’image de la cloche en poésie. Nérée Beauchemin, poète québécois nous parle plus précisément des cloches de Pâques. Voici un extrait de son poème intitulé « Cloches de Pâques »:

Dans la clarté matutinale
De la grande fête pascale,
Les cloches au rythme éclatant,
Les cloches à voix musicale,
De Rome arrivent en chantant.
Du bronze qui tintinnabule,
L’ineffable musique ondule,
Et l’on croit entendre dans l’air
Les alléluias que module
Le merveilleux carillon clair.