La vie, l’amour, la mort

Ça y est, l’automne est déjà bien installé. En raison de la fermeture des musées, je vous invite dans ce blogue à découvrir notre patrimoine d’une toute autre façon. Sortons des murs de l’Oratoire et allons à la découverte d’un lieu en plein air hors du commun.

Les feuilles tombent doucement et la température se refroidit. Plusieurs amorcent la saison automnale, associée à la mort, avec tristesse. La peur de la finalité de la vie et des défunts est universelle et se manifeste de diverses manières d’une culture à l’autre. Pour l’Église catholique, la fête des morts est une occasion de célébrer la mémoire de ceux et celles que nous avons aimés1.

Dans cette optique, je vous propose de souligner la vie et le parcours de trois artistes qui ont laissé leur empreinte à l’Oratoire : Joseph Guardo, Louis Parent et Sylvia Daoust. Tous trois reposent à quelques pas du sanctuaire, au cimetière Notre-Dame des Neiges, à Montréal. Fondé en 1853, le cimetière offre près de 140 hectares où art et nature se côtoient.

Loin d’être un endroit lugubre, le cimetière est l’endroit idéal pour se ressourcer en temps d’incertitude. La flore luxuriante et la tranquillité de ces espaces permettent le repos et le recueillement. En portant notre regard sur le passé, nous pouvons ainsi nous fixer dans le présent et percevoir l’avenir avec sérénité et confiance comme le faisait frère André.

Joseph Guardo (1901-1978)

Immigrant italien, Joseph Guardo arrive à Québec en 1926. Il s’installe par la suite à Montréal où il ouvre un atelier sur la rue Saint-Laurent, puis un second sur la rue Rachel. Sculpteur d’expérience, il façonne des moules pour les statuaires Carli et Petrucci, crée des décors architecturaux sur des édifices connus2 et répond à des commandes privées pour des sculptures, des monuments funéraires et des mosaïques. Principalement reconnu pour ses sculptures religieuses, Joseph Guardo possède un très grand talent pour le dessin.

Ami du père Elphège Brassard, c.s.c., Guardo est invité dès les années 1940 à exécuter des commandes pour l’Oratoire. Vous pouvez admirer ses œuvres dans la chapelle votive et au 4e niveau avec les scènes de vie du frère André. L’autel dédié à sainte Thérèse dans la crypte est aussi de sa conception.

Statue de saint Joseph - chapelle votive

Réalisée en marbre par Joseph Guardo, la statue de saint Joseph de la chapelle votive a été installée en avril 1951.
Notez que les bas-reliefs, tout autour de la salle, illustrant le patronage de saint Joseph sont aussi de l’artiste.

Monument funéraire - le Bon Pasteur

Joseph Guardo a conçu ce superbe monument funéraire, représentant le Bon Pasteur, pour lui et sa famille, situé au lot K00378D.

Louis Parent (1908-1982)

Diplômé de l’École des beaux-arts de Montréal, Louis Parent est un des rares artistes québécois à parfaire sa formation aux États-Unis et en Europe au début du 20e siècle. En 1937, Louis Parent intègre le corps professoral à l’École du meuble, où il enseigne jusqu’en 1974. De 1939 à 1952, il se joint à la Maîtrise d’arts de Chambly comme céramiste.

Louis Parent réalise de nombreuses œuvres sculpturales pour les écoles et chapelles de la Congrégation de Sainte-Croix. Son œuvre majeure trône toutefois sur un des flancs du Mont-Royal à l’Oratoire, il s’agit des sculptures du Jardin du chemin de la croix. Louis Parent travaille d’arrache-pied sur cette œuvre magistrale de 1943 à 1953. La petite maison de pierre rouge dans le jardin lui a servi d’atelier durant toute cette période.

La Résurrection - 16e station

La Résurrection, 16e station et seule sculpture réalisée en marbre du Jardin du chemin de la croix.
La station a été offerte en don par M. et Mme Charles-O. Monat de Montréal.
Le modèle est conçu par Louis Parent puis taillé par Ercolo Barbieri.

Monument funéraire de Louis Parent

Louis Parent repose avec les membres de sa famille au lot B02172.

Sylvia Daoust (1902-2004)

Sculpteure québécoise, issue du renouveau de l’art religieux, Sylvia Daoust est une artiste à découvrir. Elle débute des études en arts dès l’âge de 13 ans et est la première femme à intégrer l’École des beaux-arts de Montréal. Détentrice d’une bourse d’étude, elle se rend en France dans les années 1930. C’est durant ce voyage qu’elle rencontre Henri Charlier3 et travaille la technique de la taille directe. Elle enseigne le dessin, le modelage et la sculpture à l’École des beaux-arts de Québec de 1930 à 1943 et la sculpture sur bois et sur pierre à l’École des beaux-arts de Montréal de 1943 à 1968.

Sylvia Daoust remporte de nombreuses distinctions au Canada, mais aussi aux États-Unis et en Europe. Sa production est vaste et quelques-unes de ses œuvres font partie de l’espace public, dont la statue du frère Marie-Victorin au Jardin botanique de Montréal et celle de Nicolas Viel devant l’Assemblée nationale du Québec.

Elle réalise de nombreuses œuvres pour la Congrégation de Sainte-Croix à travers le temps. D’ailleurs, dans un avenir rapproché, plusieurs de ses sculptures prendront place à l’entrée du futur pavillon d’accueil de l’Oratoire afin de lui rendre hommage.

Médaille 75e anniversaire Oratoire

Médaille conçue par Sylvia Daoust en 1979 afin de souligner le 75e anniversaire de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal.

Pierre tombale Sylvia Daoust

Une pierre tombale toute simple identifie le lieu de sépulture de Sylvia Daoust au lot T01021.


  1. Novembre est le mois des morts. Le 1er novembre est consacré aux saints (Toussaint) et le 2 novembre est voué aux défunts.
  2. Vous pouvez entre autres observer son travail de décor architectural sur le théâtre Monkland dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce à Montréal et sur le pavillon principal du Jardin botanique de Montréal.
  3. Henri Charlier (1883-1975) est l’auteur de nombreuses sculptures et de fresques à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal.