Dans le cadre du mois de saint frère André, le Musée de l’Oratoire souhaite mettre en lumière une pièce importante de sa collection, présentée dans le cadre de l’exposition Portrait de Jésus. Offerte au frère André par M. Arthur Ganz (1904-1979), cette sculpture du Christ dans le désert aura sa place dans la chambre du thaumaturge durant les dernières années de sa vie et après son décès, elle sera exposée dans le bureau où il recevait les visiteurs.

Une amitié qui se développe

L’histoire commence dans les années 20. M. Ganz, un immigrant suisse-allemand installé à Montréal, rencontre Mlle Lucienne Poirier (1907-1979) qu’il souhaite épouser.  De confession luthérienne, M. Ganz doit rencontrer père Rosaire Audet, père du Saint-Sacrement. Guéri de ses maux d’estomac par le frère André, ce dernier le présente à M. Ganz qui est alors sceptique par rapport à toutes ces guérisons. Dès leur première rencontre, frère André lui propose de l’accompagner dans ses visites aux malades. Témoin de nombreux miracles, Arthur Ganz conduit le bon frère à travers la ville pendant près de deux ans.

Souhaitant offrir à frère André un gage de son amitié, M. Ganz, qui était importateur de tuiles de céramique, découvre de fortes belles statues dans le catalogue de la compagnie tchèque Rako.  N’ayant aucune connaissance des représentations catholiques, il choisit une statue du Christ en céramique blanche. (Plus tard, elle sera à tort identifiée dans les Annales de Saint-Joseph comme un Sacré-Cœur). D’après le témoignage de sa fille, Yolande Ganz, le frère André lui aurait dit d’un ton moqueur qu’il préférait les statues de saint Joseph!

M. Ganz a été l’un des témoins entendus lors du procès diocésain en vue de la béatification du frère André, tenu à Montréal de 1941-1949. On retrouve aussi sa signature sur la lettre d’adieu ci-haut, composée pour les funérailles de frère André en1937 et signée par les amis les plus proches.  (13.07.00)

Christ dans le désert

La statue exposée au Musée de l’Oratoire est une reproduction d’une œuvre de l’artiste tchèque Čeněk Vosmik. Remarquée à l’Exposition viennoise du Jubilé en 1898, cette sculpture fera l’objet d’une commande pour la Cathédrale Saint-Guy à Prague. Un point tournant dans sa carrière. Réalisée en marbre de Carrare, cette sculpture amène le sculpteur à se rendre en Italie où il raffine son style selon les canons de la Renaissance italienne. Conçue pour une vue frontale, le corps est légèrement incurvé avec un accent mis sur la verticalité. La position inclinée de la tête, les yeux plissés et les bras croisés renforce le sentiment de mélancolie et de contemplation intérieure profonde de la représentation. La version originale en grès, réalisée en 1897, orne la tombe de la mère de l’artiste.

Sources

Témoignage de Mme Yolande Ganz, rencontrée en janvier 2011.

Olga Macáková, Thèse remise à l’université Palacký d’Olomouc sous la supervision de Alena Kavčáková [Document PDF], 2012, p.27-32. http://theses.cz/id/gje01c/cenek_vosmik.pdf