L’Ascension du Seigneur, notre victoire

Après son effroyable Passion et sa résurrection, le Christ retourne définitivement auprès de son Père partager sa gloire dans l’éternité du Royaume. Notre cœur ne peut que se réjouir pour lui, et avec lui ! Mais réjouissons-nous pour nous aussi, car cette Ascension nous concerne pleinement : Jésus nous emporte avec lui. En avons-nous conscience ? Sommes-nous touchés par cela ?

Nous le savons : le Christ est vainqueur. Et comme nous sommes « les membres de son corps » (1 Co 12, 27), l’Ascension du Christ est aussi – déjà – notre victoire. C’est ce que soulignait la prière d’ouverture de la célébration d’hier : « Il nous a précédés dans la gloire auprès de toi et c’est là que nous vivons en espérance ». Cette fin de phrase, en la relisant lentement, est absolument magnifique : « C’est là que nous vivons en espérance ». Oui, déjà nous sommes auprès de Dieu, car nous sommes unis à tout jamais au Christ par notre baptême et notre foi ; le pape saint Léon le Grand parlait d’ailleurs de l’Ascension comme de « ce grand jour où notre pauvre nature, en la personne du Christ, a été élevée plus haut que toute l’armée des cieux, plus haut que tous les chœurs des anges, plus haut que toutes les puissances du ciel, jusqu’à s’asseoir auprès de Dieu le Père ». Nous voilà donc, nous aussi, assis auprès du Père… Jésus n’avait-il pas dit d’ailleurs : « Je pars vous préparer une place » (Jean 14, 2) ?

Si le Christ nous précède au ciel, il nous a aussi précédés en tout sur la terre : il a partagé notre humanité, dans la chair, a connu le travail quotidien, a vécu des moments de joie et de deuil, a été la cible de mensonges et de calomnies, a subi abandon et trahisons, est mort en souffrant et a été mis au tombeau. En s’élevant vers le Ciel, il continue de nous précéder, de nous montrer le chemin, de nous tracer la route vers l’Éternité, hors du temps.

« Hors du temps » ne veut pas dire « absent de notre temps ». Jésus continue de se rendre présent par sa Parole, par les sacrements et dans l’eucharistie où il descend de son Trône de gloire jusque dans notre main tendue au moment de la communion. Voilà le paradoxe : le Christ n’a jamais été aussi proche de nous depuis qu’il a été élevé au Ciel.

Alors n’ayons pas peur ! Ne craignons pas ! Ne laissons pas la tristesse et l’angoisse nous étreindre ! Nous sommes déjà vainqueurs avec le Christ qui nous a préparé une place auprès du Père ! « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? » Forts de notre espérance à ce bonheur éternel, cessons d’avoir la tête dans les nuages : soyons présents dans notre époque, dans notre temps et notre espace, dans notre « ici et maintenant ». C’est là que se trouve notre mission : annoncer la victoire définitive de Celui qui est avec nous « tous les jours jusqu’à la fin des temps » ! (Matthieu 28, 20)

 

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