Série Le chemin de croix dans la montagne

Billet 3 : La figure de Marie

Nous retrouvons Marie à quatre reprises dans le Jardin du chemin de la croix de l’Oratoire Saint-Joseph. Rien dans les évangiles ne nous parle de Marie sur le chemin de croix. Pourtant, la 5ième station nous montre Jésus qui rencontre sa mère.

Loin des images populaires qui nous montrent souvent une sorte de communion entre Marie et son fils souffrant, nous avons ici une image d’une femme qui regarde d’un regard intense ce fils qui marche vers la crucifixion. On devine dans son regard sa souffrance et sa compassion. Jésus, pour sa part, ne tourne pas son regard vers Marie. Il a les yeux fixés sur le chemin devant lui, concentré sur la mission qu’il porte désormais.

Le regard de Marie est intense. Les mains repliées sur son cœur, on devine son immense souffrance, mais, aussi, cette retenue. Elle ne se précipite pas devant lui. Elle ne tendra pas les mains vers lui. Bref, elle ne fera rien pour le retenir ni pour le ralentir dans sa mission.

Ici, encore, il n’y a aucun personnage secondaire, aucun soldat avec Jésus, pas de foule de curieux entourant Marie. Nous nous retrouvons seuls avec Marie et Jésus. Les paroles que le vieillard Siméon adressait à Marie nous reviennent à l’esprit :

« Un glaive te transperceras l’âme » (Luc 2,35).

Et Marie se tenait au pied de la croix

Nous retrouvons la Vierge dans la douzième station. Ici, la scène est inspirée de l’Évangile de Jean :

« Près de la croix de Jésus se tenait debout sa mère » (Jean 19,25).

Nous pouvons lire dans l’Oratoire ce commentaire du père Elphège Brassard :

« Il nous présente la Vierge noble et courageuse dans sa grande douleur : c’est la vierge telle que nous la décrit les livres saints, celle qui se tenait debout près de la croix… »

« Ses yeux qui regardent très loin nous l’indiquent bien. Ce regard perce les siècles… douleur dominé par l’amour ; sacrifice accepté pour plaire au Père bien-aimé ; don généreux pour collaborer à une œuvre divine » (Oratoire Mars 1946, p.90)

Scène remarquable au pied de la croix, Marie est debout alors que Marie Madeleine est effondrée, en pleure, et Jean, légèrement en retrait, a déposé un genou par terre. Seule Marie est debout.

À la quatorzième station, nous voyons Jésus dans son tombeau. La pierre n’a pas encore été roulée. Au pied de Jésus, une femme bien droite, ne regarde plus vers le tombeau. Son visage semble tourné vers le monde, vers un avenir incertain. Nous y devinons la figure de Marie, présente auprès de la dépouille de son fils, mais qui, déjà, se tourne vers l’ailleurs. Par son regard, Marie nous invite déjà à nous tourner vers cet avenir. Son visage, marqué par la souffrance, nous invite pourtant à garder notre cœur ouvert à ce qui demeure, pour le moment, caché dans le tombeau. C’est comme si Marie nous montrait que l’œuvre de son fils ne se terminerait pas au tombeau.